Cancer : thérapies complémentaires
Paris, France –
Un travail d’information auprès des patients, mais aussi des soignants est nécessaire pour utiliser au mieux les ressources des hôpitaux et centres anticancéreux (CAC) français en matière de thérapies complémentaires : acupuncture, hypnose, ostéopathie, relaxation, … Cette conclusion est tirée de l’étude VICAN , conduite par l’Inca, l’Inserm et les trois principaux régimes d’assurance-maladie, et qui vise à dresser un panorama après un cancer sur le plan médical mais aussi psychologique, social et professionnel. *Une offre disponible et gratuite mais ignorée Les résultats d’une analyse portant sur le recours aux thérapies complémentaires, ont été présentés par le Dr Dominique Rey (Inserm-UMR 912, Marseille) lors du Congrès Mondial contre le Cancer[1]. Ils montrent que le recours aux thérapies complémentaires dans les deux ans suivant un diagnostic de cancer est surtout le fait des femmes, qui avaient déjà recours à ce type de thérapies avant le diagnostic.
La plupart des patients ne savent même pas que cette offre existe. Et les médecins de ville ne sont pas toujours mieux informés –Dr Rey « Dans nombre d’hôpitaux et de CAC, les thérapies complémentaires existent, sont disponibles et sont gratuites. Or, la plupart des patients ne savent même pas que cette offre existe. Et les médecins de ville ne sont pas toujours mieux informés », explique le Dr Rey. Et de citer le cas de l’acupuncture « disponible dans pratiquement 100% des CAC », et dont une revue Cochrane a montré l’intérêt contre les vomissements induits par les chimiothérapies [2]. L’Académie de Médecine elle-même, dans un rapport de 2013, reconnait cette place de l’acupuncture chez les patients cancéreux, et ajoute l’hypnose, utile notamment contre la douleur. *16% d’utilisateurs L’enquête présentée par le Dr Rey a été effectuée auprès de 4.349 adultes, chez qui l’un des 12 principaux cancers a été diagnostiqué en 2010. L’enquête visait à évaluer le recours aux thérapies complémentaires 2 ans après le diagnostic, alors que « les thérapies complémentaires sont généralement étudiées en post-diagnostic ou avec le premier traitement », explique le Dr Rey.
L’acupuncture est disponible dans pratiquement 100% des CAC –Dr Rey Trois questions étaient posées aux patients par téléphone : utilisez-vous actuellement une thérapie complémentaire ? Si oui, laquelle ? Utilisiez-vous une thérapie complémentaire avant le diagnostic de cancer ? Résultats : 16,4% des patients ont recours à une thérapie complémentaire deux ans après le diagnostic, mais parmi eux, plus de la moitié (55%) étaient déjà utilisateurs avant le diagnostic. Selon la classification du National Center for Complementary and Integrative Health (NCCIH) américain, les thérapies s’adressant « au mental et au corps » sont utilisées dans 50,6% des cas. On trouve parmi elles l’acupuncture (22%), l’ostéopathie (15%), les thérapies énergétiques (5,8%). Les thérapies faisant intervenir un substrat biologique sont utilisées dans 15% des cas : phytothérapie (8%), diète (7,3%). Enfin, les « autres » approches complémentaires (67%) comportent essentiellement l’homéopathie (64%).
On note que dans les 2/3 des cas, une seule thérapie complémentaire est utilisée. *Un profil peu surprenant des utilisateurs (trices) et qu’il faudrait élargir S’agissant du profil des utilisateurs, on trouve près de trois fois plus de femmes que d’hommes, et le niveau d’études est généralement élevé. Les personnes qui s’initient aux thérapies complémentaires avec le cancer sont par ailleurs plus jeunes, alors que chez les personnes qui utilisaient ces traitements avant le cancer, le taux d’utilisation n’est pas significativement différent entre les tranches d’âge 18/49 et 70-82 ans. Enfin, on trouve davantage d’utilisateurs de longue date parmi les personnes dont le pronostic de survie était > 80% lors du diagnostic, mais davantage de personnes s’initiant aux thérapies complémentaires en cas de progression du cancer.
L’initiation est également plus fréquente en cas d’altération de la qualité de vie ou de douleur. Comme on pouvait s’y attendre, le profil type de l’utilisateur de thérapie complémentaire est donc celui d’une femme, plutôt jeune, et possédant un bon niveau d’éducation. Plus surprenant : le faible recours à l’hypnose et à la relaxation, qui pourtant, « sont maintenant disponibles dans beaucoup d’hôpitaux et de CAC », note le Dr Rey. Enfin, le besoin d’information sur cette ressource est criant, en particulier chez les hommes, en cas de qualité de vie altérée ou de douleurs persistantes.
REFERENCES: 1.Rey D. The use of complementary and alternative medicines two years after cancer diagnosis in France – evidence from the VICAN study. World Cancer Congress, Paris, 4 novembre 2016. 2.Ezzo J, Richardson MA Viskers A et al. Acupuncture-point stimulation for chemotherapy induced nausea or vomiting. Cochrane Data Syst Rev, 2010, jan 20, CD002285. [Cette revue a été abandonnée par la Cochrane en 2014, non en raison de sa fausseté, mais parce qu’elle n’avait pas été réactualisée à temps]. 3.Bontoux D, Couturier D, Menkès C-J. Thérapies complémentaires – acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi – leur place parmi les ressources de soins . Rapport de l’Académie Nationale de Médecine du 5 mai 2013. Source : Medscape-Vincent BARGOIN-21 novembre 2016